Publié le : 23/04/2020
Extrait du conseil des ministres le mercredi 22 avril 2020.
" La montée progressive des capacités de dépistage permettra d’atteindre
au moins 1 500 tests par jour, avec pour conséquence, l’augmentation probable
du nombre de cas positifs dans le pays. Toutefois, ce système de détection
rapide des personnes suspectes et des malades devrait permettre de les prendre
en charge avant que la maladie n’atteigne un seuil critique."
Nous n'avons donc pas assez de tests en Côte d'Ivoire ! C'est clair !
Je l'ai dit et redit : privilégions le diagnostic clinique au diagnostic biologique.
Que ceux qui peuvent être testés le soient mais permettons à nos centres de santé avec ses médecins habitués à travailler dans le dénuement total, d'exercer la médecine telle qu'ils ont l'habitude de la faire et comme ils savent si bien la faire.
Si le conseil des ministres reconnaît que l'augmentation des capacités de tests
va entraîner une augmentation du nombre de cas, cela signifie qu'il y a en ce
moment même des cas de malades covid 19 dans la nature. On le savait tous déjà
mais c'est important de le dire.
Mais alors la question qui se pose est de savoir où se rendent ces malades en perdition pour leur toux, leur rhume, leurs courbatures qui cachent un covid 19?
La réponse est simple : Ils vont là où ils ont l'habitude de se rendre c'est à
dire dans les centres de santé de leurs localités.
J'ai revendiqué et applaudi la mise en place des centres de dépistage dans nos
communes mais l'existence de ces centres ne doit pas bloquer le fonctionnement
normal de notre système de santé.
Il est temps d'organiser des formations étendues aux centres périphériques et
de permettre à nos médecins quelque soit le lieu d'exercice de pouvoir poser le
diagnostic clinique de cette fameuse maladie.
La Côte d'Ivoire n'est pas la France et nous sommes incapables de faire converger tous nos cas suspects vers des centres uniques de dépistage et de prise en charge . Ça c'est notre réalité.
Et même en France, conscient de leur incapacité à dépister tous les cas suspects, les autorités ont mis en place des applications internet afin de permettre aux cas suspectés par les hôpitaux et non testés, de se faire suivre quotidiennement. C'est le cas de COVIDOM dans la région parisienne.
Quid du traitement des malades ?
Le même conseil des ministres nous dit que les malades seront prise en charge
"......avant que la maladie n'atteigne un seuil critique".
Je suis certainement un peu simplet mais j'avoue que le n'arrive toujours pas à
comprendre ce que cela signifie. Excusez mon ignorance.
Pour rappel, le ministre de la santé et son collaborateur, le DG de la santé,
ont plusieurs fois affirmés, la main sur le cœur, que seuls les malades graves
bénéficieront d'un traitement sensé être curatif; les autres allant être prise
en charge par des traitements symptomatiques.
Le protocole de prise en charge en Côte d'Ivoire n'a jamais été divulgué comme
cela a été fait dans beaucoup de pays.
Nous travaillons dans une opacité sans nom.
Alors c'est quoi les cas critiques pour notre ministre de la santé?
Ailleurs, les Cas critiques c'est l'intubation dans des unités de
réanimation. Est-ce de cela que parle notre ministre ?
Si oui alors on y est toujours pas monsieur le ministre.
Il faut que les malades soient prise en charge dès le diagnostic. Et lorsque je parle de prise en charge ce n'est pas par des traitements
symptomatiques comme
vous nous l'avez laissé entendre. C'est bien par un traitement curatif.
Ce que vous devez considérer comme cas critiques sous nos cieux, monsieur le
ministre, ce ne sont pas les intubations en salle de réanimation mais bien les
détresses respiratoires.
Oui monsieur le ministre l'expérience nous a montré que dans cette maladie, le
basculement des détresses respiratoires vers la réa peut se faire en 48 h avec
un fort risque de décès du patient.
De plus, des chercheurs Suisses viennent de nous révéler, il y a quelques jours,
que le Coronavirus, loin de provoquer une pneumonie virale isolée, aurait une
action sur la majorité des organes les plus importants de notre organisme: le
cœur, les poumons, le cerveau, les vaisseaux, etc....
Lorsqu'on sait cela, pourquoi hésiter à démocratiser enfin ce traitement, cette
fameuse chloroquine qu'on a tous mangée à volonté dans ce pays pendant
plusieurs décennies ?
On a, disponible dans nos pharmacies de ville, des médicaments dix fois plus
dangereux que la chloroquine.
Pourquoi subitement avons nous si peur d'un traitement qui n'est pas nouveau et
qui n'a jamais fait l'objet d'alerte de pharmacovigilance pour effets secondaires très graves pendant toutes ces décennies d'utilisation?
Monsieur le ministre, prenez des décisions fermes et soyez transparent avec les
populations car sinon ceux ci se dirigent vers ce qu'ils connaissent et ce à
quoi ils ont facilement accès : le gingembre, les feuilles de neem, les
mentholatum, les mixtures miracles, etc... et ça c'est dommage.
Arrêtons de tâtonner !
Pour terminer je répète les mesures qu'il vous reste à prendre ( en plus des
mesures barrières actuelles) pour en finir avec ce virus:
1) Donner la priorité au dépistage clinique comme je l'ai décrit plus haut et
isoler les malades
2) Démocratiser le traitement par Chloroquine/Azithromycine et surtout divulguer le protocole national de prise en charge des malades.
3) Rendre obligatoire le port du masque dans tout le pays ( et non uniquement à Abidjan). Entendre par masque, tout bout de tissu permettant de protéger la bouche et et le nez dans les lieux publics. Et surtout mettre en place une communication claire sur l'utilisation des masques car sinon ceux ci seront un moyen de dissémination de la maladie.
Dr Coulibaly Dinignako
Pharmacien
Auteur : PDCI RDA - PDCI Digit